Pédagogie

Qu’est-ce que le triangle didactique ?

qu’est-ce que le triangle didactique

Jean Houssaye définit tout acte pédagogique comme l’espace entre trois sommets d’un triangle pédagogique : l’enseignant, le savoir et l’élève. Le triangle didactique s’inscrit dans une structure systémique appelée système didactique. Donc, qu’est-ce que le triangle didactique ?

Ce système détermine trois axes à partir des relations nouées entre les trois pôles :

  • Approche épistémologique : sur l’axe Savoir — Enseignant.
  • Approche psychologique : axe Enseignant — Elève.
  • Et l’approche pédagogique : axe Elève — Savoir
qu’est-ce que le triangle didactique

Au centre du triangle se retrouve le scénario d’enseignement. Les scénarios d’enseignement se caractérisent par leur position à l’intérieur du triangle. Ainsi, un scénario qui privilégie la formule d’enseignement de l’exposé magistral se situe dans un modèle béhavioriste alors que les formules d’enseignement comme le travail en équipe, l’enseignement par les pairs se situeraient plutôt dans un modèle socioconstructiviste. Donc, qu’est ce que le triangle didactique ? Quels sont les axes de ce triangle ? Et qu’est ce que la transposition didactique ?

Qu’est-ce que le triangle didactique ?

Le triangle didactique est une représentation schématisée du système didactique. Le système didactique, qui apparaît dans toute médiation du savoir entre un enseignant et un enseigné, est formé des interrelations produites ente les trois actants suivants : le savoir (en l’occurrence scolaire), le professeur et l’élève. Donc, qu’est ce que le triangle didactique ?

Selon Yves chevallard, le triangle didactique est une représentation schématisée du système didactique. En effet, la dynamique de toute action éducative est basée sur l’interaction entre les contenus disciplinaires, l’élève et un enseignant. Dans le cas d’un enseignement classique, l’enseignant est en avance par rapport à l’apprenant. C’est celui qui connait le savoir et qui le dispense. L’étudiant, quant à lui, acquiert ce savoir morcelé, décontextualisé et disposé sur une échelle temporelle par l’enseignant. Il est à remarquer que dans ce cas de situation, le tout se passe comme si on privilégie une relation entre deux pôles du triangle didactique ; le troisième étant mis de côté momentanément. C’est un système réciproque d’attentes, de négociation, principalement tacite entre le professeur et les étudiants qui porte sur tous les aspects de leur rapport au savoir (schubauer-Leoni, 1988 ; Amigues, 1988).

Un résumé du triangle didactique :

– Le triangle didactique étudie les interactions entre enseignant et élèves relatives à un savoir dans une situation à finalité didactique comment différencier les positions élèves et enseignant ?

 – L’enjeu d’apprentissage : passer d’un état initial à un état final vis-à-vis du savoir

– La dissymétrie de la relation au savoir : l’enseignant est celui qui en sait plus, mais aussi qui peut anticiper ce qu’il y a à savoir : « Du point de vue de la relation au savoir, il y a une dissymétrie, qui est constitutive du système didactique. Nous ne dirons pas que l’élève n’entretient aucune relation au savoir avant l’enseignement, mais simplement que dans l’état initial, cette relation est peu ou pas adéquate. Sans l’hypothèse de cette dissymétrie, le système didactique n’a pas lieu d’être. » C. Margolinas (1993) Finalité du système didactique : disparaître ! si l’enseignant a réussi, il doit pouvoir se retirer et l’élève conserve sa relation au savoir indépendamment de la présence de l’enseignant

Les trois axes du triangle didactique.

L’axe épistémologie : Élaboration didactique.

C’est l’élaboration didactique des savoirs à enseigner. Les didacticiens se proposent d’y examiner les objets d’enseignement et, en particulier, d’y répertorier les principaux concepts de la discipline, d’étudier leurs relations, leur structuration et leur hiérarchisation à l’intérieur du domaine considéré. La question de la référence et de l’origine des savoirs y est également posée avec, notamment, l’histoire des savoirs référents, qu’ils soient savants, experts ou sociaux. S’agissant des savoirs scientifiques, il reste à déterminer quel cheminement ils ont suivi et quels obstacles ils ont rencontrés et surmontés. Il convient en effet de sortir du « hiatus pédagogique » qui fait que les savoirs scolaires sont « présentés comme des faits établis » sans histoire, sans dimension culturelle, humaine ou sociale. S’agissant des savoirs scolaires et de leur histoire institutionnelle, on étudiera la manière dont ils ont été transposés, comment et pourquoi ils sont apparus ?

Les concepts produits sur l’axe 1 par les didactiques des disciplines sont alors :

  • La transposition didactique.
  • Les pratiques sociales de référence.
  • La trame conceptuelle.
  • Les niveaux de formulation.
  • Les champs conceptuels.
  • Niveaux de formulation.

L’axe psychologie cognitive : Appropriation didactique.

Sur cet axe Elève-Savoir se joue le processus de l’« appropriation didactique ». Ce registre puise aux sources de la psychologie génétique piagétienne et du constructivisme, partant de l’idée que l’élève construit ses connaissances. La psychologie cognitive alimente la voix active en se concentrant sur la manière dont le sujet cognitif traite l’information, incluant la mémoire, les représentations, la résolution de problèmes, etc.

Cet axe se donne pour perspective l’exploration des conditions de l’apprentissage, et notamment :

  • La construction des concepts par l’apprenant, leur utilisation, leur réinvestissement ;
  • Les prérequis que supposent les contenus à assimiler ;
  • Les stratégies particulières d’apprentissage ;
  • Les structures cognitives préexistantes (schèmes), les processus mentaux ;
  • Les représentations que se font les élèves de ces connaissances et les conflits cognitifs ;
  • Les obstacles à l’apprentissage. La critique porte ici principalement sur la réduction possible de l’élève à l’état de sujet épistémique.

L’axe praxéologie : Interactions didactiques.

 Cet axe sert de cadre à l’étude des conditions de l’« intervention didactique ». L’épithète « praxéologique » fait référence au système de tâches complexes et plurielles qui sont dévolues à l’enseignant dans la gestion de la situation didactique. Nous effectuons des tâches composées qui combinent théories et techniques et s’orientent vers l’action et la recherche d’efficacité. Elles comprennent des tâches de conception et d’organisation de dispositifs d’étude d’une part, des tâches d’aide à l’étude, ou de direction d’étude d’autre part.

La réflexion didactique vise ici à pouvoir rendre compte de la manière dont l’enseignant, au travers de ces tâches, peut prendre en charge du mieux possible l’articulation aux deux autres axes.

L’étude portera alors sur les processus suivants :

L’organisation des situations d’enseignement-apprentissage ;

  • La construction de cycles et de séquences pédagogiques ; – la définition des objectifs ;
  • L’organisation de l’évaluation ;
  • La mise en œuvre de stratégies adaptées à la classe.

Le triangle didactique est un dessin symbolique qui étudie les interactions entre les trois sommets du triangle :  le professeur, le savoir et l’élève. Il précise les termes en relation dans une situation d’apprentissage et définit implicitement les tâches de chaque pôle. 

Quelle est l’importance du triangle didactique dans l’enseignement ?

importance du triangle didactique dans l’enseignement

Yves Chevallard semble vouloir promouvoir ce triptyque en réaction contre le modèle binaire de la pédagogie qui privilégie, selon lui, la relation binaire enseignant/enseigné. Dans cette nouvelle combinaison s’introduit un troisième pôle, qui est le Savoir, « si curieusement oublié ». On retrouvera là cette revendication de la spécificité disciplinaire déjà pointée.

Ces trois actants du triangle didactique entretiennent évidemment des relations entre eux. Ce sont elles qui font l’objet même des recherches en didactique, et que nous allons bientôt rappeler. Notons déjà que le triangle ainsi établi propose une approche de type systémique, ce qui explique l’appellation proposée par Yves Chevallard de « triangle didactique ». Ces trois constituants agissent et réagissent entre eux dans toute situation d’enseignement-apprentissage.

Cette relation ternaire est généralement représentée sous la forme du fameux « triangle didactique », devenu la figure emblématique de la réflexion didactique. Par conséquent, le fait que cette figure puisse interférer avec une autre figure bien connue, tel le « triangle pédagogique » [Houssaye, 1988], amène à se demander si le premier n’est pas un doublet du second — ou inversement. Cette question ne peut être ignorée, d’autant plus qu’elle devrait permettre de préciser la spécificité de l’approche didactique.

Le triangle didactique permet d’étudier les éléments suivants :

Selon Chevallard, la transposition didactique : « Du savoir savant au savoir enseigné » « Un contenu de savoir ayant été désigné comme savoir à enseigner subit dès lors un ensemble de transformations adaptatives qui vont le rendre apte à prendre place parmi les objets d’enseignement. Le “travail” qui, d’un objet de savoir à enseigner, fait un objet d’enseignement est appelé la transposition didactique ».

Les didacticiens étudient la transposition didactique au sens large, qui englobe à la fois la décision sur quoi enseigner et l’adéquation entre ce savoir à enseigner et ce qui est effectivement enseigné. La transposition didactique effectuée par l’enseignant doit lui permettre d’adapter et ajuster le savoir à enseigner à ses priorités, à ses exigences, à son groupe d’élèves, etc. Le travail du professeur consiste donc en la transformation du savoir publié et exigé par les programmes (savoir à enseigner) selon ses priorités, ses exigences, les caractéristiques de ses étudiants.

La dévolution

Brousseau définit la dévolution comme un « acte par lequel l’enseignant fait accepter à l’élève la responsabilité d’une situation d’apprentissage […] et accepte lui-même les conséquences de ce transfert ». Pour cela, l’enseignant conduit à faire avancer la connaissance grâce au jeu sur le contrat didactique, et par la mise en place de situations didactiques dans lesquelles il place successivement l’élève.  

Il s’agit pour l’enseignant de repérer les variables didactiques qui provoquent des adaptations, régulations et des stratégies faisant avancer la construction du savoir. L’enseignant construit des situations artificielles pour que les élèves s’emparent du problème et entreprennent de nouveaux apprentissages. Il s’agit de donner du sens au savoir, de tisser des liens entre les savoirs.   Le savoir est décontextualisé et dépersonnalisé (extrait de son contexte initial de « savoir savant ») pour être recontextualisé en classe.  

Dans cette situation, l’enseignant doit veiller à ne pas donner la réponse en même temps qu’il pose la question, de même il ne doit pas laisser l’élève chercher seul sans aide. La dévolution se situe dans cet entre-deux.

Le triangle didactique, la dévolution, et Le contrat didactique

Le contrat didactique

C’est un contrat largement implicite qui se tisse entre le professeur et les élèves en relation avec un savoir. Ce contrat fixe les rôles, places et fonctions de chacun des éléments du pôle, les attentes réciproques des élèves et du maître (le maître « fait » le cours, les élèves des exercices). Le contrat didactique est, selon G.   Brousseau, « l’ensemble des comportements spécifiques du maître qui sont attendus de l’élève et l’ensemble des comportements de l’élève attendus par le maître ».

Le triangle didactique prend en considération tous les partenaires de la relation didactique, relation spécifique qui s’établit entre un enseignant, un élève et un savoir, dans un environnement scolaire et un moment déterminé. Le triangle didactique essaie de préciser l’objet de la didactique et sa singularité. Il représente les relations entre professeur, élève et savoir. Cette représentation a essentiellement a pour but de s’opposer à des schémas linéaires du type professeur — élève. Il s’agit d’une tentative faite pour appréhender et modéliser une situation complexe. Bien sûr, une telle « modélisation » n’est pas à l’abri des critiques.

Sources :

  • Chevallard Yves [1985]. La Transposition didactique : du savoir savant au savoir enseigné. La Pensée sauvage, 1991
  • Astolfi Jean-Pierre et al. Mots-clés de la didactique des sciences : repères, définitions, bibliographies. De Boeck Université, 1997
  • Jelmam Yassine, le triangle didactique vu sous la lumière de l’introduction des TIC Cas de la physique à l’université tunisienne. École Nationale d’Ingénieurs de Tunis.
  • https://www.oneterrene.org/images/YouthProjects/2018/COMETS_Austria_2018/TheArtOfLearning.pdf
  •  Séminaire du GRCDI « Didactique et culture informationnelles : de quoi parlons-nous ? » 14 septembre 2007 L’objet d’étude des didactiques et leurs trois heuristiques : épistémologique, psychologique et praxéologique Pascal Duplessis IUFM des Pays de la Loire
  • http://ife.ens-lyon.fr/sciences21 – IFE ENS de Lyon (EducTice — S2HEP, Centre Alain Savary) — DSDEN de Côte d’Or — Dijon

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