Pédagogie

Qu’est-ce que le triangle pédagogique de Jean Houssaye ?

qu’est-ce que le triangle pédagogique

Le triangle pédagogique est devenu un classique dans les lieux de formations. C’est un modèle de compréhension du fonctionnement de la situation éducative. La situation pédagogique peut être définie comme un triangle composé de trois éléments, le savoir, le professeur et les élèves, dont deux se constituent comme sujets tandis que le troisième doit accepter la place du mort ou, à défaut, se mettre à faire le fou. Donc, qu’est-ce que le triangle pédagogique de Jean Houssaye?

le triangle pédagogique savoir enseignant élève

Jean Houssaye : Biographie

HOUSSAYE, Jean né le 30 janvier 1947 à Loudéac. C’est un professeur de Sciences de l’Éducation à l’Université de Rouen.

  • 1964 baccalauréat (série A), Rennes ;
  • 1967 licence de philosophie, Poitiers ;
  • 1968 maîtrise de philosophie obtenue à l’Université Paris X ;
  • 1969-1982 Professeur de Philosophie (et de Français) ;
  • 1974 maîtrise de sciences de l’éducation Paris V ;
  •  1974-1982 Responsable de la Formation Pédagogique Initiale des Maîtres du Secondaire à l’Institut Supérieur de Pédagogie, Paris ;
  • 1982 Doctorat d’Etat ès Lettres et Sciences humaines, Paris X, sous la direction de D. Hameline : Le triangle pédagogique. Proposition et pratiques d’un modèle d’analyse de la situation éducative (mention très honorable à l’unanimité — jury : G. Vigarello, G. Snyders, D. Hameline, G. Ferry, S. Breton) ;
  • 1983 Nommé assistant de Sciences de l’Éducation à l’IUT B (carrières sociales) de l’Université Lille III ;
  • 1984 Nommé Maître Assistant en Sciences de l’Éducation à l’Université de Picardie ;
  • 1988 Nommé Professeur de à l’Université Louis Pasteur, Strasbourg ;
  • 1990 Création et responsabilité d’un DEA international de Sciences de l’Éducation mention Erasmus en collaboration avec les Universités de Lisbonne, Porto, Barcelone, Padoue, Mons, Ioannina et Münster ;
  • 1993 Nommé Professeur de Sciences de l’Éducation à l’Université de Rouen
  • 1994 Promotion à la première classe des Professeurs ;
  • 2000 – 2003 Membre de la 70° section du CNU Depuis 2000 Initiateur des formations à distance en Sciences de l’éducation dans le cadre du campus numérique FORSE (licence, master 1, master 2 recherche) ;
  • Depuis 1999 Directeur du laboratoire CIVIIC (Centre Interdisciplinaire sur les Valeurs, les idées, les Identités et les Compétences en éducation et en formation)
  •  De 1966 à 2003 Directeur de centres de vacances d’enfants et d’adolescents.

Qu’est-ce que le triangle pédagogique de Jean Houssaye ?

Qu'est-ce que le triangle pédagogique de Jean Houssaye

Dans son modèle de compréhension pédagogique, Jean Houssaye définit tout acte pédagogique comme l’espace entre trois sommets d’un triangle pédagogique : L’enseignant, l’étudiant et le savoir. Les termes savoir (S), professeur (P) et élèves (E) sont ici à prendre dans un sens générique. Le savoir désigne les contenus, les disciplines, les programmes, les acquisitions, etc. Les élèves renvoient aux éduqués, aux formés, aux enseignés, aux apprenants, aux s’éduquants, etc. Le professeur est aussi bien l’instituteur, le formateur, l’éducateur, l’initiateur, l’accompagnateur, etc.

La notion de sujet est, elle, plus particulière. Le sujet, ici, c’est celui avec qui je peux établir dans une situation donnée une relation privilégiée, c’est celui qui compte particulièrement pour moi, c’est celui qui me permet d’exister de façon réciproque et préférentielle, c’est celui qui fait forme sur le fond de la situation. Il ne peut y avoir de sujet sans autre qui le reconnaisse comme tel. Le mort, à l’inverse, c’est celui qui a établi un trou dans les relations, que je ne peux plus reconnaître comme sujet (sinon sous des formes détournées), qui ne peut plus me constituer comme sujet. Son mode de présence tient plus de l’absence que de la réciprocité.

La notion du mort

En allant plus loin, le mort dont il est question ici est le mort du jeu de bridge : un des joueurs doit en effet y tenir la place du mort. Autrement dit, ses cartes sont étalées sur la table et on le fait jouer plus qu’il ne joue. Mais son rôle est indispensable, car, sans lui, il n’y a plus de jeu. Voici donc quelqu’un dont on ne peut pas se passer, mais qui ne peut jouer qu’en mineur. Sa place dans la partie est constamment assignée, définie et déroulée par les autres, véritables sujets de la situation. Quant au fou, c’est celui qui récuse les termes du langage et du fonctionnement communs.

Le processus « enseigner »

le processus enseigner

Le processus Enseigner est exacerbé – Dans le rôle de celui qui est à la place du mort ou qui joue au fou : les élèves (avec leur fonctionnement cognitif singulier)

 – Les points professeur et savoir sont privilégiés au détriment des élèves.

 – L’enseignant est alors centré sur le cadre didactique, l’organisation, la structuration des cours, le contenu du savoir, sa discipline enseignée, la méthode pédagogique employée est celle du cours magistral.

 – Le professeur néglige la relation pédagogique avec les élèves.

 – Une opposition des élèves à l’encontre de leur professeur ou formateur peut apparaître en vue de lui témoigner leur insatisfaction. Des risques de chahut peuvent apparaître.

Nos premières années d’enseignement relèvent typiquement, à la suite des années de formation primaire, secondaire et supérieure, du processus « enseigner ». Autrement dit, la liaison privilégiée est celle savoir-professeur. L’enseignement est alors centré sur les contenus, le programme, les cours magistraux.

Nous sommes là dans la pédagogie traditionnelle. Ceci ne signifie pas que les deux autres processus soient absents ; disons qu’ils sont marginalisés. Les relations professeurs-élèves de couloirs ou de fins de cours relèvent du processus « former », de même que le travail personnel à faire chez soi relève du processus « apprendre ».

Ceci signifie que ces deux derniers processus sont restructurés autour du processus dominant, ici « enseigner ». C’est ce qui explique que les professeurs de ce type souffrent toujours du manque d’initiative des élèves dans leur travail et de la contradiction entre les relations dans la classe et celles personnelles, qu’ils établissent avec leurs élèves en dehors des cours. Certains en sont satisfaits, d’autres en concluent qu’il faudrait changer leur enseignement.

Le processus « former »

le processus former

Le processus Former est exacerbé —Dans le rôle de celui qui est à la place du mort ou qui joue au fou : le savoir (soumis à la transposition didactique)

– Les points professeur et élèves sont privilégiés au détriment du savoir.

– C’est lorsque la relation professeur-élèves est exacerbée au point de s’engager dans une relation d’échange proche de la séduction qui est favorisée au détriment du savoir. La méthode pédagogique employée est plutôt non-directive et le professeur offre davantage des conseils et une orientation à suivre plus qu’un contenu structuré.

– Les élèves peuvent apprécier les qualités relationnelles de leur professeur néanmoins avoir des difficultés à situer leur apprentissage par rapport au programme et même à comprendre leur cours.

Ce processus « former », privilégiant la relation formateur-formés et excluant au moins dans un premier temps le rapport au savoir. Endossant une attitude non directive et mettant en place des structures proches de la pédagogie institutionnelle, nous avons constitué des groupes d’élèves, leur demandant de s’organiser pour trouver un mode de fonctionnement qui leur permette d’acquérir des connaissances s’ils le désirent.

Nous nous étendons sur cette expérience, et nous montrons par ailleurs qu’elle fut très riche en événements et servit d’analyseur à l’institution scolaire .

Pour se mettre en situation d’apprentissage, il faut commencer par régler les conflits internes aux groupes, redéfinir les rôles des partenaires, s’affirmer par rapport à l’institution… toutes choses que les élèves n’ont guère l’habitude de faire et que les divers « responsables » n’ont guère envie de laisser faire. Il nous apparaît cependant que ce type de pédagogie remet fondamentalement en cause le fonctionnement actuel de l’école, et ce, de façon brutale.

Le processus « apprendre »

le processus apprendre

Le processus Apprendre est exacerbé —Dans le rôle de celui qui est à la place du mort ou qui joue au fou : le professeur (avec son idéologie personnelle)

– Les points : élèves et savoirs sont privilégiés au détriment du professeur.

– Le professeur limite son activité à essayer de faciliter l’apprentissage des élèves par eux-mêmes.

– La méthode pédagogique employée sera plutôt de type constructiviste, l’élève devra construire ses propres savoirs. Le plus important est la construction du savoir au risque de savoirs non validés.

– Les élèves ou apprenants peuvent se sentir livrés à eux-mêmes. Ils peuvent même éprouver un sentiment de solitude face au savoir. Ce qui en soi peut poser des problèmes pour la compréhension de certains contenus où la manière de les aborder. Les élèves sont dans une position d’autoformation.

Le processus « apprendre », beaucoup mieux toléré par l’institution. C’est bien vers ce processus que nous portent les derniers courants pédagogiques, qu’il s’agisse du travail indépendant ou de la pédagogie par objectifs.

Le professeur se veut alors un organisateur de situations de formation où il met directement en contact les élèves et le savoir. Lui-même n’est plus le médium direct par lequel passe le savoir, même s’il intervient encore de cette façon : il peut continuer à faire quelques cours, mais à la condition que ces derniers s’inscrivent dans un ensemble de moyens et de méthodes à la disposition des élèves.

Cette évolution personnelle n’est en aucune façon exceptionnelle. Elle est tout simplement le fruit d’une « dérive » culturelle, même si les pratiques actuelles des professeurs de philosophie continuent à se rattacher à ces trois étapes.

Pourquoi le triangle pédagogique est-il important ?

La situation pédagogique peut être définie comme un triangle composé de trois éléments, le savoir, le professeur et les élèves, dont deux se constituent comme sujets tandis que le troisième doit accepter la place du mort ou, à défaut, se mettre à faire le fou. Le triangle pédagogique de Jean Houssaye est un système de référence, qui fonde la relation entre trois domaines : Enseignants, élèves et savoirs. C’est un réflexif soutien aux situations pédagogiques où l’apprenant est face à face avec l’enseignant au même endroit et au en même temps.

triangle de houssaye

Un modèle de compréhension des situations pédagogiques

Le pédagogue Jean Houssaye (1988) a proposé « le triangle pédagogique » comme modèle de compréhension du pédagogique. Il permet des comparaisons, des rapprochements entre les diverses situations pédagogiques parce que toutes s’articulent autour de trois éléments — élève, savoir, enseignant —, dont deux sont prédominants sur le troisième.

Ce triangle permet de dégager trois processus distincts selon les axes privilégiés. Lorsque l’axe Savoir/Enseignant est prédominant dans la situation pédagogique, on se situe dans le processus enseigner, le professeur dialogue avec le savoir et l’élève/apprenant est renvoyé à ce que Jean Houssaye nomme la place du mort. Lorsque l’axe enseignant/Élève prédomine dans la situation, on se situe dans le processus former, ici c’est le savoir qui est mis à la place du mort ? Lorsque l’axe Élève/Savoir prédomine, on se situe dans le processus apprendre et l’enseignant ou le formateur est renvoyé à la place du mort. Le mort dont il est question est le mort du jeu de bridge, précise Houssaye. « Autrement dit, ses cartes sont étalées sur la table et on le fait jouer plus qu’il ne joue. Mais son rôle est indispensable, car sans lui, il n’y a plus de jeu. On ne peut s’en passer, mais il ne peut jouer qu’en mineur, sa place étant assignée, définie et déroulée par les autres, véritables sujets de la situation. » Chaque processus lorsqu’il est exacerbé risque de voir le mort jouer au fou : chahut et autres formes de rébellion des élèves dans le processus enseigner ;    errances et séduction dans le processus former ; solitude et abandon dans le processus apprendre.

Placer les méthodes d’enseignement sur le triangle

Le triangle pédagogique est un outil pour identifier différents modèles pédagogiques :

  • Sur l’axe Enseigner peut-être située la pédagogie traditionnelle magistrale, mais aussi le cours très actuel qui procède par questions-réponses.
  • Sur l’axe Former peuvent être situées les pédagogies libertaires (Neill, Hambourg), certains pédagogues socialistes (Makarenko), certains promoteurs de l’Education nouvelle en internat (Korczak) pour qui l’important relève d’une structuration maître-élève à engendrer et à renouveler en permanence, mais qui s’appuient souvent sur des fonctions très classiques, proches d’enseigner. Sur ce même axe Former se trouvent aussi les pédagogies non directives (Rogers), les pédagogies institutionnelles (Oury et Vasquez), qui donnent une place centrale à la parole des élèves, des étudiants, au conseil aussi, comme instance génératrice d’un travail entre le maître et les élèves sur le rapport à la loi.
  •  Sur l’axe Apprendre, se trouvent l’Education nouvelle, Freinet, le travail autonome, certaines formes de pédagogies différenciées ; mais aussi l’enseignement assisté par ordinateur (EAO), l’enseignement programmé, certaines formes de pédagogies par objectifs et de pédagogies différenciées. Pour chaque axe, les pédagogies peuvent ainsi être situées les unes par rapport aux autres, en les plaçant d’un pôle à l’autre. Les unes et les autres étant plus ou moins proches d’un des deux pôles. Par exemple, pour l’axe Apprendre, si la priorité reste la même, les moyens.

Jean Houssaye a conceptualisé et formalisé les éléments fondamentaux qui entrent en jeu dans le processus pédagogique du triangle pédagogique. Ainsi, tout acte de ce type correspondrait, dans l’« espace pédagogique », à une interaction entre deux des trois sommets d’un triangle : l’« enseignant », l’« apprenant » et le « savoir ». Des relations de natures variées s’établiraient entre ces sommets en fonction des pôles reliés. On distinguerait alors le « triangle didactique », qui associerait l’enseignant et le savoir ; la « relation d’apprentissage », qui rapprocherait l’apprenant du savoir ; et la « relation pédagogique », qui unirait l’enseignant et l’apprenant.

Le triangle pédagogique : les différentes facettes de la pédagogie

Jean Houssaye expose dans son livre sa théorie de l’enseignement fondée sur une relation entre l’enseignant, le savoir et l’élève. Ce livre évoque différents aspects pédagogiques tels que l’autorité, la gestion des différences, le cours magistral, etc. Cet ouvrage apporte également des réponses engagées sur la nature et l’histoire de la pédagogie.

Conclusion

Le triangle pédagogique est un outil pour bien comprendre la situation pédagogique. Il nous permet de comprendre quelques thèmes pédagogiques : la crise de l’autorité, le cours magistral, la gestion des classes hétérogènes, les inégalités et la justice scolaire, etc. De plus, il fournit un cadre théorique qui permet de reposer les problèmes de manière nouvelle.

Ensuite, Yves Chevallard présente le triangle didactique comme une représentation schématisée du système didactique. Ce système est une médiation du savoir entre un enseignant et un élève. C’est l’ensemble des interactions ente : le savoir, l’enseignant et l’élève.

Sources :

  • Le triangle pédagogique : Les différentes facettes de la pédagogie. Jean Houssaye Issy-les-Moulineaux : éditeur ESF Date de création droite 2014 Édition 2e édition ;
  • Fabien DARNE, Variations sur le thème du triangle pédagogique Méthodes, approches pédagogiques et transformation didactique, novembre 2015 ;
  • Peter LANG, le triangle pédagogique de Jean Houssaye, 2000, anim.ch/pxo3_02/pxo_content/medias/jean_houssaye_triange_pedagogique.pdf .
  • Houssaye, J. (1993). « Le triangle pédagogique ou comment comprendre la situation pédagogique ». in  J.  Houssaye. La pédagogie : une encyclopédie pour aujourd’hui. Paris : ESF.
  • Comparer les pédagogies : un casse-tête et un défi Etiennette Vellas Université de Genève. FPSEÀ paraître dans Éducateur, numéro spécial mai 2007
  • JELMAM, Y. « Transformation du triangle didactique sous l’effet des TIC à l’université tunisienne », DistanceS, vol. 13, no 1, automne 2011, p. 1-9

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