Pédagogie

Qu’est-ce que la transposition didactique ?

Qu’est-ce que la transposition didactique

La plupart des auteurs en sciences de l’éducation considèrent le didacticien des mathématiques Yves CHEVALLARD comme le concepteur de la transposition didactique. Il définit ce concept : « Un contenu de savoir ayant été désigné comme savoir à enseigner subit dès lors un ensemble de transformations adaptatives qui vont le rendre apte à prendre place parmi les objets d’enseignement. Le “travail” qui d’un objet de savoir à enseigner fait un objet d’enseignement est appelé la transposition didactique. » . Son ouvrage « la transposition didactique du savoir savant au savoir enseigné » devient rapidement la référence pour d’autres didactiques. Qu’est-ce que la transposition didactique ? Pourquoi la transposition didactique est-elle nécessaire ? Et comment faire une transposition didactique ? Voici les principales idées développées dans cet ouvrage :

Les savoirs

Savoirs savants

Les savoirs savants se distinguent des savoirs à enseigner, des savoirs enseignés et des savoirs appris. C’est un corpus qui s’enrichit sans cesse de connaissances nouvelles, reconnues comme pertinentes et valides par la communauté scientifique spécialisée… le savoir savant se définit comme le produit de chercheurs reconnus par leurs pairs, par l’université. Ce sont eux qui l’évaluent.

De surcroît, le rôle de la communauté scientifique est primordial : « … les savoirs validés, produits en un certain lieu et dans certaines conditions, un monde aux limites plus ou moins nettes, “la communauté scientifique”, qui légitime ces savoirs, leur confère un label d’exactitude, d’intérêt… »

Savoirs savants

on entend des connaissances, reconnues comme pertinentes et valides par la communauté scientifique spécialisée qui légitime ces savoirs, leur confère un label d’exactitude, d’intérêt.

savoirs à enseigner

Les savoirs à enseigner sont ceux « qui sont décrits, précisés, dans l’ensemble des textes “officiels ‘(programmes, instructions officielles, commentaires…) ; ces textes définissent des contenus, des normes, des méthodes »

savoirs enseignés

Ce sont les savoirs que l’enseignant a construits et qu’il mettra en œuvre dans la classe. C’est l’ensemble des énoncés pendant les heures de cours.

Savoirs

L’ensemble des savoirs acquis par les apprenants

Les étapes de la transposition didactique

étapes de la transposition didactique

La transposition didactique fonctionne par étapes, chaque étape étant effectuée par un expert. Ainsi, on retrouve souvent le terme de chaîne de la transposition didactique. Et pour cause, une chaîne désigne une suite de maillons liés les uns aux autres. La transposition exprime aussi cette liaison entre deux ou plusieurs états du savoir. Il existe deux étapes de la transposition didactique : la transposition didactique interne et externe.

Le savoir de base prend des noms différents selon les étapes qu’il traverse, pouvant exprimer des états transformés de ce savoir scientifique de base. Chaque transposition mène donc à une étape désignée par un état du savoir. Ainsi, le savoir savant désigne le savoir validé et labellisé comme étant scientifiquement correct dans des conditions définies. En d’autres termes, c’est « un corpus qui s’enrichit sans cesse de connaissances nouvelles, reconnues comme pertinentes et validées par la communauté scientifique spécialisée. (…) Le savoir savant est essentiellement le produit de chercheurs reconnus par leurs pairs, par l’université. Ce sont eux qui l’évaluent.

La transposition didactique interne

Le “savoir à enseigner” définit le savoir dans les programmes, plans d’études et autres manuels scolaires. Il est le résultat de la transposition didactique externe du savoir savant et la base sur laquelle vont s’appuyer les professionnels de l’enseignement. Après la transposition didactique interne, vient le “savoir enseigné” qui exprime l’appropriation de ce savoir par l’enseignant, qu’il va transmettre aux élèves. Finalement, le savoir enseigné s’intègre de différentes manières par les élèves. C’est la dernière étape de transposition, qui mène au “savoir appris”, “apprentissages effectifs et durables des élèves”.

transposition didactique interne et externe

 Dans “l’école”, les savoirs “savants” suivent cette chaîne de transposition didactique. Cependant, Perrenoud relève : il y a parfois peu de distance entre la pratique d’une activité et son apprentissage, si bien que les dispositifs didactiques peuvent paraître quasi absents, donc aussi la transposition. Il n’en est rien. Une formation “sur le tas”, un entraînement sportif ludique, une initiation artistique informelle comme l’inculcation familiale des manières de table passent par des interventions et des transpositions didactiques, même si les acteurs n’ont pas toujours pleine conscience.

Ensuite, ces pratiques sociales se transforment en “curriculum formel ou prescrit” qui équivaut au savoir à enseigner.

Le curriculum formel sous-entend certaines normes “imposées par une autorité formelle. Ainsi, le curriculum formel représente un programme de ce que les élèves doivent assimiler et à travers lequel l’organisation scolaire essaie de contrôler et d’orienter l’entier processus de formation de la jeune génération”. La transposition suivante mène le curriculum formel au “curriculum réel”. C’est là le contenu de l’enseignement en tant que tel. Finalement, la dernière étape transpose le curriculum réel aux “apprentissages effectifs et durables des élèves.

La transposition didactique externe

‘Externe’ exprime la position de cette transposition dans l’institution ‘école’. Elle est le travail en amont, servant à l’enseignant qui le transposera en ‘interne’. La transposition didactique externe va donc mener le savoir scientifique à ce que l’on nomme curriculum formel, prescrit. Cette transposition ‘s’objective dans les textes officiels : le curriculum et les programmes scolaires’. De plus, les manuels d’élèves et autre matériel didactique destiné aux enseignants, les guides didactiques et méthodologiques peuvent compléter la liste des savoirs à enseigner. En effet, ce matériel curriculaire vise ‘la rationalisation, la normalisation et le contrôle de la transmission du curriculum prescrit.

Pourquoi la transposition didactique ?

Pourquoi la transposition didactique

Pour que l’enseignement de tel élément de savoir soit seulement possible, cet élément devra avoir subi, qui le rendront apte à être enseigné.

Le savoir enseigné est nécessairement autre que le savoir initialement désigné comme devant-être-enseigné, le savoir à enseigner. Voilà le terrible secret que le concept de transposition didactique met en péril. Il ne suffit pas qu’un écart se creuse. Il faut que ce nécessaire écart soit nié, et chassé des consciences comme problème, s’il y subsiste peut-être comme fait contingent. Car, dans le même temps, pour que l’enseignement donné apparaisse légitime, il lui faut affirmer hautement son adéquation avec le projet qui le justifie, et qu’il explicite. Le savoir enseigné doit apparaître conforme au savoir à enseigner. Ou plutôt, la question de son adéquation ne se pose.   Fiction d’identité, ou de conformité acceptable.

L’enseignant n’existe, parce que l’enseignement n’existe, qu’au prix de cette fiction : il vit sur cette fiction, il doit vivre cette fiction. Dès lors, en pointant un processus qui fait l’objet d’une si vitale dénégation, le concept de transposition didactique s’affirme d’abord comme violence faite à l’intégrité de l’acte d’enseignement, dont il brouille l’identité dans une interrogation à quoi l’enseignant ne peut a priori répondre qu’en refusant de l’entendre.

Pour plus d’informations sur ce sujet : (Document PDF)

Exemples de la transposition didactique

La production d’un objet de savoir peut-être considérée à plusieurs niveaux. Le savoir produit au niveau de la recherche et qui participe au progrès de la connaissance générale de l’humanité. C’est ce corps de connaissances issu de la recherche que CHEVALLARD (1985) appelle le savoir savant. Celui-ci se distingue de cet autre savoir destiné à être enseigné ou qui est effectivement enseigné. Et qui est exilé de ses origines, coupé qu’il est de sa production historique, dans la sphère du savoir savant. Le passage de ce savoir savant au savoir à enseigner qui est loin d’être naturel, exige un travail de transformation, voire de déformation qui en font un objet autre, même s’il doit son existence à un savoir savant préalable.

Ce travail de transformation, de déformation qui fera du savoir savant un savoir apte à être enseigné est-ce que CHEVALLARD (1985) travaillant en Mathématiques a appelé la transposition didactique.

Ce concept permet de comprendre la distance qui sépare le savoir élaboré au niveau des chercheurs. Et celui qui est destiné à être enseigné, voire celui qui est enseigné. Il permet de s’interroger sur leur rapport et leur différence.

Exemples de transposition didactique en mathématiques

Exemples de transposition didactique en mathématiques

L’analyse du passage du savoir à enseigner au savoir enseigné doit porter à la fois sur les programmes, les commentaires, les manuels, les préparations des cours et les pratiques effectives des enseignants en classe. Voici un exemple de transposition didactique en mathématiques : (Document PDF)

Exemple de transposition didactique en SVT

Exemple de transposition didactique en SVT

Voici un exemple de transposition didactique en svt et s’interroge sur les causes du processus de dogmatisation qui s’en dégage. (Document PDF)

Exemple de transposition didactique en français

Pour une discipline comme le français, le concept de transposition didactique gagne, cependant, à ne pas se limiter à sa version restreinte et à s’élargir en interaction avec d’autres concepts. Voici un autre exemple de la transposition didactique en français : (Document PDF)

Conclusion

Le savoir savant subit de multiples transformations afin de se constituer en tant qu’objet d’enseignement. Les transformations qui se produisent dans le cadre du processus d’enseignement – apprentissage, opèrent dans les relations professeur – élève (triangle pédagogique) et s’objectivent dans les différentes formes du curriculum (réel, réalisé, caché), elles constituent, pour nous, la ‘transposition didactique interne’. Toutes ces transformations se réalisent autant dans une logique de continuité que dans celle des ruptures épistémologiques.

Sources :

  • Gauvin, I. & Boivin, M.-C. (2012). La théorie de la transposition didactique : un outil conceptuel pour décrire les savoirs grammaticaux élaborés en classe par les élèves. Bellaterra Journal of Teaching & Learning Language & Literature, 5 (3), 10-24.
  • Lucien Marandola | Mémoire de fin d’études Du savoir savant au savoir scolaire, une transposition complète, St-Maurice, février 2017.
  • www.archives.philippeclauzard.com/IMG/pdf/-111.pdf
  • http://fastef.ucad.sn/articles/ndiaye/ndiaye8.pdf

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