Apprentissage

Les 4 modèles théorique du traitement de la lecture

modèles théorique du traitement de la lecture

Les modèles de lecture sont un moyen efficace pour dégager des liens entre certains faits, pour expliquer des interrelations entre des phénomènes donnés. Tout modèle scientifique remplit trois fonctions. La première fonction est de résumer les connaissances accumulées dans un domaine et de formuler des lois : la deuxième fonction est d’offrir un cadre de référence utile à l’interprétation de nouvelles données, défaits observés; finalement, la troisième fonction consiste à permettre au chercheur de formuler des hypothèses, de prévoir des faits, des comportements, des événements. Pour reprendre l’expression de Smith, les fonctions d’un modèle sont liées au passé, au présent et à l’avenir. Bref, un modèle permet de comprendre un phénomène, d’interpréter de nouveaux faits et de prévoir d’autres phénomènes. Alors, qu’est ce qu’un modèle de lecture ?

Pourquoi des modèles de lecture?

Les vues personnelles d’un enseignant relativement à la lecture transparaissent dans ses méthodes d’enseignement. Déjà en 1937, Gray avait reconnu l’importance d’un modèle lorsqu’il disait: «Un enseignement efficace de la lecture (…) présuppose une compréhension claire de la nature de la lecture et des processus fondamentaux impliqués».

En effet, la définition implicite de la lecture chez un enseignant influence plus ou moins directement sa manière de travailler auprès des enfants, sa façon de les initier au langage écrit. L’enfant se fait une conception de la lecture d’après ce que le maître exige de lui. La définition que l’enfant donne à la lecture le guide dans les stratégies qu’il utilise et conditionne par le fait même sa réussite.

Ainsi l’enseignant transmet-il sa conception de la lecture à travers les activités qu’il propose à l’enfant. Par exemple, si l’enseignant emploie la plus grande partie du temps consacré à la lecture à faire associer des lettres et des sons, l’enfant en déduira que lire, c’est fusionner des sons.

Par contre, si les activités proposées en classe sont fonctionnelles et significatives, l’enfant en retiendra que lire est synonyme de chercher du sens.

Plusieurs recherches ont fourni des données concrètes sur la conception que les enfants se font de la lecture. Une de ces recherches, compare les définitions données par des enfants considérés comme de bons lecteurs à celle donnée par des lecteurs sous la moyenne.

L’auteur regroupe en trois catégories les réponses recueillies auprès de 418 enfants de la première à la sixième année.

Définition 1 :

La lecture est vue comme une activité générale, c’est- à-dire comme une partie de la journée (ex. : la lecture, c’est ce que l’on fait le matin en arrivant).

Définition 2 :

La lecture est vue comme un processus d’identification de mots. (ex. : Je lis quand je mets les lettres ensemble pour faire un mot).

Définition 3 :

La lecture est vue comme une recherche de signification (ex. : Lire, c’est apprendre).

Les résultats de cette recherche montrent que les écoliers de la fin du primaire considèrent la lecture plutôt comme un processus de compréhension, contrairement aux enfants du début du primaire. En effet, à peine 10% des enfants de Ve année regardent la lecture comme une activité de compréhension alors que ce pourcentage passe à 40% en 6° année.

L’auteur interprète les résultats en faisant ressortir que, dans les premières années de scolarité, l’accent est souvent mis sur l’identification de mots, ce qui se reflète dans les définitions de la lecture des enfants. De plus, les enfants en difficulté sont ordinairement orientés vers des activités qui insistent sur l’identification des mots et cela transparaît également dans leur définition de la lecture.

Classification des modèles de lecture

Durant les années 60 et 70, des auteurs aux convictions diverses ont présenté une pléiade de modèles de lecture. Williams (1973), qui fait une recension de ces modèles théoriques, classe ces derniers en quatre catégories. Ce sont les modèles taxonomiques, psychométriques, psycho-logiques et linguistiques.

Voici brièvement comment ces modèles se définissent, quel est leur apport en ce qui touche la lecture et quels auteurs les ont davantage représentés.

Les modèles taxonomiques

Un modèle taxonomique a pour objet principal la classification d’éléments à partir de certaines règles; c’est avant tout un outil descriptif. Les travaux de William Gray (1960) représentent bien le modèle taxonomique où la lecture se divise en certaines catégories d’habiletés, comme la perception des mots, la compréhension, la réaction à l’idée de l’auteur, l’assimilation de ce qui est lu.

L’approche taxonomique est souvent qualifiée d’approche «fauteuil » car le chercheur qui l’utilise ne part pas d’expériences mais s’inspire de ses propres réflexions sur les différentes habiletés en lecture.

Les modèles psychométriques

Le principe de base de la psychométrie est la mesure. Le modèle de Holmes (1954), perfectionné par Singer (1970), s’appuie sur diverses données de la psychométrie. En bref, dans cette approche, les chercheurs utilisent une variété de tests qui mesurent des habiletés que l’on croit importantes en lecture. Ils tentent ensuite de voir quelles habiletés contribuent le plus à la lecture. Ici encore, comme c’était le cas dans les modèles taxonomiques, l’analyse n’est que descriptive, même si une étape supplémentaire est ajoutée par le biais de la mesure.

Les modèles psychologiques

L’analyse faite en fonction du modèle psychologique s’appuie sur des principes qui régissent le développement et l’apprentissage de l’individu. Ce type d’analyse de la lecture renvoie à l’approche behavioriste et cognitive d’une part et, d’autre part, à des modèles fondés sur la théorie du traitement de l’information.

Approche behavioriste

La première génération de psychologues à s’être intéressés à la lecture s’appuyait sur les principes du conditionnement opérant et de l’apprentissage mécanique verbal. Skinner (1957), Gagné (1970), Staats (1968) ont été de ceux-là, ils décrivent la lecture comme une réponse verbale sous le contrôle de stimuli écrits.

De Gagné (1970), retenons qu’il suggère pour les débuts de la lecture une hiérarchie d’apprentissage orientée vers le décodage, c’est- à-dire vers la maîtrise des règles de prononciation pour les mots dont les correspondances des lettres aux sons sont régulières. La première habileté de la hiérarchie sera donc de reproduire le son de chacune des lettres et, dans une étape subséquente, le son des combinaisons consonne-voyelle, c’est-à-dire des syllabes. La prononciation orale des syllabes constitue dans ce modèle une activité préalable à la prononciation des mots entiers.

Staats, pour sa part, décrit la lecture comme une habileté complexe. Elle s’appuie hiérarchiquement sur l’acquisition d’autres habiletés, dont le langage. L’acquisition de la lecture comprendrait cinq répertoires : le répertoire de discrimination des lettres, le répertoire d’unités de lecture, celui du décodage, celui des mots entiers et enfin le cinquième, celui des locutions. Ces répertoires sont hiérarchiques, puisque chaque répertoire se fonde sur le précédent et conditionne l’acquisition du répertoire suivant.

De ces travaux, il faut retenir également l’importance attachée à l’utilisation du renforcement. Cela accroît les chances d’obtenir la réponse de lecture.

Approche cognitive

Les modèles dits cognitifs s’intéressent davantage à ce qui se passe dans la structure cognitive de l’individu. C’est-à-dire aux processus mentaux en cause dans l’apprentissage de la lecture. Dans ces modèles, la lecture est considérée comme une activité de compréhension.

Le groupe de Cornell, qui réunit notamment Eleonor Gibson et Harry Levin, se décrit comme étant d’orientation cognitive. Des travaux de Gibson (1970), il faut retenir l’importante contribution apportée à l’étude de la perception et l’introduction de la notion de traits distinctifs appliquée aux lettres.

Parmi les modèles cognitifs, il s’en trouve également qui reposent sur les principes de la psychologie développementale. Les travaux d’Elkind (1967), d’inspiration piagétienne, en sont une illustration. Cet auteur insiste avant tout sur les aspects perceptuels que l’on retrouve dans la lecture. Pour lui, comme pour Piaget, il y a des stades de développement bien différenciés. Et les processus d’apprentissage manifestés par un enfant dépendent de son niveau de développement.

Traitement de l’information

Une théorie du traitement de l’information essaie de démontrer comment l’intelligence humaine ou artificielle reçoit l’information. Et également comment elle la traite.

Venezky et Calfee (1970) de même que Smith (1971) appliquent ce modèle à la lecture. Ils estiment que le lecteur sélectionne l’information, émet des hypothèses qu’il rejette ou confirme ensuite.

Les modèles linguistiques

Les modèles linguistiques considèrent la lecture comme un processus de langage. Dans cet ordre d’idées, on peut déjà signaler deux générations de linguistes préoccupés par la lecture. Les premiers sont plus intéressés par la structure de la langue. Et, les seconds par les processus psychologiques actifs dans le langage.

Parmi les premiers linguistes à s’être penchés sur la lecture, signalons Bloomfield. Il croyait que les irrégularités rencontrées dans les correspondances graphèmes-phonèmes ne devaient pas être présentées au lecteur débutant. Fries (1963) et Lefevre (1964) ont également travaillé dans ce sens.

Cependant, la grammaire transformationnelle considère l’enfant comme un être actif. En d’autres termes, il construit son langage, nous a obligés à revoir plusieurs conceptions bien établies. Parmi les travaux de linguistes ou psycholinguistes de cette deuxième génération, il convient de mentionner ceux de Ruddel (1970), de Goodman (1970) qui portent sur la lecture.

Selon ces modèles, le lecteur utilise simultanément trois types d’indices en lecture:

  1.  Les indices graphophonétiques ;
  2. Les indices syntaxiques ;
  3. Et les indices sémantiques.

Ces modèles accordent plus d’importance à la compréhension qu’à la perception.

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