Méthodes et stratégies

Comment Choisir les stratégies d’enseignement ?

Un enseignement efficace est fondé sur une série de décisions prises dans un contexte donné. L’enseignant ne doit pas utiliser pas les mêmes stratégies d’enseignement pour chaque cours. Il doit observer ses élèves, réfléchir constamment à son travail et ajuster ses pratiques de l’enseignement. En d’autres termes, les stratégies choisies doivent s’accorder aux objectifs d’apprentissage visés, aux capacités des élèves, et aux contraintes des environnements d’apprentissage et des ressources disponibles

En effet, il existe différentes stratégies, qui sont l’enseignement direct, l’enseignement indirect, l’enseignement interactif, l’apprentissage expérientiel ou l’étude indépendante. Dans cet article, nous présenterons quatre grands courants pédagogiques en montrant leurs implications en matière de choix de stratégies d’enseignement par les enseignants.

Stratégie d’enseignement : définition

En termes simples, les stratégies d’enseignement sont des plans d’action organisés que les enseignant·es mettent en place pour faciliter l’apprentissage des étudiants. Ces stratégies englobent diverses méthodes, techniques et approches pédagogiques.

Les stratégies d’enseignement bien conçues ont un impact significatif sur l’expérience d’apprentissage des étudiant·es. Elles favorisent l’engagement, stimulent la réflexion critique et améliorent la rétention des informations.

  • Adaptation aux Objectifs d’Apprentissage

Choisir les bonnes stratégies d’enseignement commence par une compréhension claire des objectifs d’apprentissage. Les stratégies doivent être alignées sur ces objectifs pour garantir une progression cohérente.

  • Considérations sur les Types d’Apprenants

Chaque groupe d’étudiant·es est unique, avec des styles d’apprentissage et des besoins différents. Les enseignant·es doivent prendre en compte ces différences pour choisir des stratégies qui engagent et soutiennent chaque individu.

Liste de stratégies d’enseignement

Plusieurs éléments peuvent intervenir dans le choix d’une stratégie d’enseignement, notamment le niveau d’interactivité souhaitée avec les élèves, la familiarité de l’enseignant avec telle ou telle stratégie, le temps à disposition, le type de salle dans laquelle va se dérouler l’enseignement, etc.

Dans la suite de ce document, nous proposons de réaliser ce choix en fonction du domaine et du niveau des objectifs pédagogiques poursuivis. Nous nous focaliserons essentiellement sur cinq grandes catégories génériques de stratégies d’enseignement qui regroupent de nombreuses stratégies plus spécifiques, à savoir l’exposé magistral, le questionnement, la discussion, le travail individuel et le travail de groupe. Le tableau qui suit permet de situer rapidement les différents types de stratégies en fonction des objectifs. Voici quelques exemples :

  • L’exposé magistral est une stratégie qui contribue en général efficacement à l’atteinte d’objectifs de niveau « rétention », « réception » ou « perception ».
  • Pour amener les élèves à maîtriser des objectifs de plus haut niveau (compréhension ou valorisation par exemple), on recourra plus souvent à des méthodes centrées sur la discussion ou le questionnement en classe.
  • Avec les travaux individuels ou de groupe, on vise en général à atteindre des objectifs d’apprentissage de plus haut niveau comme la réflexion, l’adoption ou le perfectionnement.

Dans la liste qui suit, nous proposons une description plus détaillée à propos des stratégies d’enseignement en relevant leurs spécificités mais aussi les avantages et inconvénients qu’elles peuvent présenter en fonction des contextes d’enseignement.

Exposé magistral

La méthode expositive, également appelée méthode transmissive ou magistrale, repose sur un modèle vertical d’enseignement où l’instructeur détient toutes les connaissances et les transmet aux apprenants. Cette approche suscite des débats sur son efficacité, certains la considérant concise et structurée, tandis que d’autres estiment qu’elle limite la créativité des apprenants. Le choix de cette méthode dépend des objectifs et des besoins spécifiques de l’enseignement, mais il est important d’envisager d’autres approches pour une expérience d’apprentissage plus diversifiée.

Avantages

  • Permet de transmettre de nombreuses informations à un grand groupe en peu de temps.
  • Permet de transmettre des informations structurées.

Inconvénients

  • Difficulté de maintenir l’attention de tous les élèves
  • Difficulté également pour évaluer la compréhension des élèves

À retenir

  • Préparer soigneusement la structure du discours
  • Prévoir de petites activités pour stimuler l’attention des élèves (questions, discussions, étude de cas, exercice…)

Questionnement

L’art du questionnement efficace réside dans la capacité à poser des questions ouvertes de manière stratégique, en tenant compte des objectifs d’apprentissage visés. À l’époque contemporaine du 21e siècle, il revêt une importance particulière de formuler des questions ouvertes qui encouragent la pensée critique. Cela inclut la capacité à inciter les apprenants à prendre position, à tirer des conclusions, et à développer une réflexion approfondie sur le sujet en question.

Avantages

  • Pas facile de faire participer tous les élèves
  • Il y a une part d’improvisation (une séance peut durer plus longtemps que prévu)

Inconvénients

  • Pas facile de faire participer tous les élèves
  • Il y a une part d’improvisation (une séance peut durer plus longtemps que prévu)

À retenir

  • Bien préparer les questions et planifier les moments où elles seront posées aux élèves
  • Varier les méthodes en faisant aussi écrire des questions aux élèves ou en leur demandant de se répondre l’un à l’autre

Projet de groupe

Lors du travail en groupe, les élèves collaborent en équipes de trois à cinq membres de manière responsable. Cette approche vise à développer les compétences sociales tout en renforçant l’apprentissage disciplinaire. Les résultats sont présentés à la classe à la fin du projet, généralement planifié par l’enseignant, mais les élèves ont une certaine autonomie. L’enseignant observe, conseille, et évalue pendant le travail. Il est crucial de distinguer le travail avec un document commun et celui avec des documents complémentaires. Plusieurs méthodes d’organisation soutiennent l’acquisition de compétences et l’apprentissage collaboratif en équipe.

Avantages

Lorsqu’il s’agit de former nos élèves, il est essentiel de mettre l’accent sur le développement de leurs compétences en matière de collaboration. En encourageant la collaboration, nous les aidons à apprendre à travailler en équipe, à échanger des idées et à résoudre des problèmes ensemble, des compétences essentielles dans le monde moderne. De plus, il est également bénéfique d’approfondir certains sujets du cours. Cette approche permet d’approfondir la compréhension des concepts clés et d’encourager la réflexion critique. Enfin, il est important de souligner que cette stratégie favorise un enseignement réciproque, où les élèves jouent un rôle actif dans leur propre apprentissage en partageant leurs connaissances et en enseignant les uns aux autres. En combinant ces approches, nous pouvons créer un environnement d’apprentissage enrichissant et collaboratif qui profite à tous les élèves.

Inconvénients

Bien entendu, malgré les avantages de promouvoir la collaboration et d’approfondir certains sujets en classe, il est important de reconnaître également les inconvénients potentiels de ces approches. Parmi ces inconvénients, on peut noter les difficultés d’évaluer les contributions individuelles des élèves. Lorsque le travail en groupe est privilégié, il peut devenir compliqué de déterminer avec précision le niveau de participation de chaque étudiant, ce qui peut poser des défis en matière d’évaluation.

En plus, certains groupes peuvent éprouver des difficultés à s’organiser efficacement, ce qui peut entraîner des retards ou des problèmes de gestion. Enfin, il est important de noter que l’accompagnement des groupes peut prendre beaucoup de temps pour les enseignants, qui doivent fournir un soutien supplémentaire pour assurer le succès de cette approche pédagogique. Il est donc essentiel de prendre en compte ces inconvénients et de trouver des moyens de les atténuer afin de maximiser les avantages de ces stratégies d’enseignement.

À retenir

• Proposer des étapes intermédiaires de travail
• Clarifier et préciser le plus possible les consignes dès le départ de l’activité

Travail individuel

Le travail individuel ne se limite pas aux travailleurs indépendants. Au sein d’une équipe, il peut arriver que certains projets ou fonctions spécifiques nécessitent qu’une personne gère ses activités de manière autonome, sans l’assistance des autres membres de l’équipe.

Avantages

• Permet aux élèves de développer une expertise individuelle sur un sujet qui les intéresse
• Permet un enseignement réciproque

Inconvénients

• Certains élèves peuvent se sentir perdus face au travail à réaliser seuls
• Gestion et accompagnement individuel peut prendre beaucoup de temps

À retenir

• Proposer des étapes intermédiaires de travail
• Clarifier et préciser le plus possible les consignes dès le départ de l’activité

Discussion

La discussion de groupe est une approche pédagogique axée sur la conversation et les interactions sociales afin de stimuler l’apprentissage.

Avantages

• Permet de stimuler la réflexion des élèves

• Permet d’aller plus loin dans le contenu du cours en tenant compte des intérêts des élèves ou de sujets moins bien compris

Inconvénients

• Pas facile de faire participer tous les élèves

• Il y a une part d’improvisation (une discussion peut durer plus longtemps que prévu)

À retenir

• Bien préparer le sujet de la discussion et le cadre (règles de fonctionnement)

• Gérer les échanges entre les élèves

Pour situer ces différents types de stratégies les uns par rapport aux autres, on peut considérer aussi que les premiers sont davantage centrés sur l’action de l’enseignant alors que les
suivants se centrent plutôt sur l’activité des élèves. Dans le second cas, l’enseignant aura moins de contrôle sur ce qui se passe dans la situation pédagogique, comme le suggère la figure suivante :

Grandes catégories de stratégies d'enseignement

Qu’est-ce qu’apprendre ?
Qu’est-ce qu’enseigner ?

En Sciences de l’Education, plusieurs courants de pensée se sont développés au cours du 20e siècle pour décrire et expliquer l’apprentissage. Chacun envisage l’apprentissage d’un point de vue sensiblement différent. Les conséquences que ces différentes façons de concevoir l’apprentissage ont sur les pratiques d’enseignement sont évidemment très importantes. Voici donc les définitions de quatre grands courants pédagogiques :

Le behaviorisme

Le behaviorisme est un des premiers courants qui s’est développé entre les années 1910 et 1950. L’apprentissage y est considéré comme une adaptation individuelle de ses comportements à des stimuli provenant de l’environnement. En d’autres termes, l’individu doit apprendre à adapter ses comportements et ses modes de pensée à son environnement qui change.

Cette adaptation est une forme d’apprentissage. En termes d’enseignement, pour que les élèves  développent leurs capacités d’adaptation, on recourt le plus souvent à une planification de l’enseignement en objectifs précis qui se succèdent, à une répétition et au renforcement des comportements considérés comme adaptés, à une correction immédiate des erreurs et des comportements non conformes et à un découpage précis du contenu enseigné avec des exercices répétitifs. On peut aussi trouver des exemples de ce type d’enseignement pour s’entraîner à la prononciation d’une langue étrangère, pour manipuler correctement du matériel technique de laboratoire, pour apprendre à respecter des règles de sécurité sur un chantier, pour maîtriser des gestes techniques en sport ou pour maîtriser l’application d’une formule mathématique à certains types de problèmes.

Le cognitivisme

Le cognitivisme est un autre courant qui s’est développé à partir des années 1950. Il s’est intéressé au fonctionnement du cerveau humain pour expliquer l’apprentissage, en particulier les facultés de mémorisation, d’organisation et de mobilisation d’informations et de modification des structures mentales. En considérant ainsi l’apprentissage, le rôle de l’enseignant est de mettre en œuvre des stratégies pour aider les élèves à sélectionner l’information et l’organiser dans leur mémoire pour ensuite la restituer sous différentes formes.

La pratique du feed-back est aussi importante dans la mesure où elle permet de corriger en continu les informations non comprises ou mal mémorisées. Une technique d’enseignement très efficace issue du cognitivisme est aussi le recours aux « advanced organisers » qui consiste à introduire un sujet au moyen de questions ou de courtes activités de réflexion qui vont susciter l’intérêt des élèves en stimulant leurs structures de connaissances préalables et les aider à mémoriser les nouvelles informations.

Pour soutenir les élèves dans leur apprentissage, l’enseignant peut aussi proposer par exemple des techniques de mémorisation ou de prise de notes, l’usage de cartes conceptuelles, une évaluation des connaissances préalables qui permet aux élèves de lier les nouvelles informations avec ce qu’ils/elles ont déjà en mémoire, une structuration de l’information dans un polycopié, des activités de résolution de problème, etc.

le constructivisme

Pour le constructivisme, courant développé à partir des années 1970, l’apprentissage consiste à entrer dans un processus actif de construction (plutôt que d’acquisition) de connaissances en interagissant avec son environnement, en donnant du sens à ses expériences et en développant ses représentations. L’action de l’enseignant dans ce cadre est d’apporter un soutien à cette construction en proposant des activités de réflexion à propos des représentations préalables des élèves , des tâches à réaliser en autonomie (recherche d’informations, projet personnel, etc.), des visites de terrain, etc.

Le socio-constructivisme

Courant développé à partir des années 1980,propose de considérer l’apprentissage comme une participation active à des activités en situation réelle et en interagissant avec d’autres. L’action de l’enseignant vise alors à créer des situations d’apprentissage qui invitent les élèves à agir, coopérer, créer collectivement et se questionner en vue de développer des compétences professionnelles. Ceci peut se réaliser par exemple dans des travaux de groupe, des stages de terrain, des rencontres avec des expert-e-s, des discussions de groupe, un enseignement réciproque (entre élèves ), des collaborations à distance en recourant à l’usage de technologies, des simulations, etc.

Ces différentes approches de l’apprentissage amènent à s’interroger sur nos propres conceptions de l’enseignement. Enseigner, est-ce pour nous plutôt « transmettre des informations », « proposer et encadrer des activités d’apprentissage », « amener les élèves à construire leurs connaissances », « développer l’autonomie et la collaboration chez les élèves », etc. ? Il n’y a bien sûr pas de conception qui pourrait s’imposer par rapport aux autres mais nous voyons que pour un enseignement donné, il peut être important de varier les méthodes d’enseignement en fonction des différents objectifs d’apprentissage et de notre conception personnelle de l’enseignement.

Sources :

– L’utilisation des crédits ECTS à l’Université de Lausanne (Denis Berthiaume, Nathalie Janz et Antoinette Charon Wauters)

L’identification et la rédaction des objectifs pédagogiques (Amaury Daele et Denis Berthiaume)

Autres références :

-Bertrand, Y. (1998). Théories contemporaines de l’éducation. 4ème éd. Lyon/Montréal : Chronique Sociale/Editions Nouvelles.

-Driscoll, M. P. (2000). Psychology of learning for instruction. 2ème éd. Needham Heights, MA : Allyn & Bacon.

-Gredler, M. E. (1997). Learning and instruction : Theory and practice. 3ème éd. Upper Saddle River, NJ : Prentice-Hall.

– Prégent, R. (1990). La préparation d’un cours. (Chapitre 4 : Le choix d’une ou plusieurs méthodes d’enseignement, pp. 87-116). Montréal : Éditions de l’École Polytechnique.

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