Méthodes et stratégies

Méthode pédagogique : définition et classification

méthode pédagogique

L’éducation exige un ordre et une ambition d’efficacité totale. Ceux-ci sont atteints grâce à une « méthode pédagogique » efficace et adaptée à ses fins.

En tant qu’enseignants, notre curiosité intellectuelle nous pousse à explorer les différentes méthodes d’enseignement. Et cela dans le cadre du travail de recherche demandé après le cours de méthodologie et techniques de production des travaux de recherches universitaires. Ceci dans le but de mieux faire face aux différents défis qui nous attendent dans notre tâche. Les défis, qui sont de plusieurs ordres, s’articulent habituellement autour des difficultés de transmission.

Définition de la méthode pédagogique

Le concept de méthodes est dérivé Du grec ancien (methodos). Il signifie la poursuite ou la recherche d’une voie. Le mot est formé à partir de (metα, meth—) qui veut dire « après, qui suit » et de (odos) qui veut dire « chemin, voie, moyen ».

 Il s’agit de la marche rationnelle de l’esprit pour parvenir à la connaissance ou à la démonstration d’une vérité ; en d’autres termes, la méthode est un ensemble ordonné de manière logique, de principes, de règles. Elle est composée d’étapes successives qui constituent un moyen pour parvenir à un résultat. 

Elle implique l’idée d’une direction définissable et régulièrement suivie dans les opérations de l’esprit ; mais aussi la manière de conduire l’esprit dans cette opération grâce aux préceptes. 

En ce sens, une méthode pédagogique est alors l’ensemble des règles, moyens et procédures employé par l’enseignant. Elle favorise l’apprentissage et aide l’apprenant à atteindre son objectif. En d’autres termes, les méthodes pédagogiques consistent en règles et en procédés pour mettre en œuvre un enseignement du maître ou un apprentissage de l’élève, de façon théorique ou pratique.

On s’en sert pour gérer, expliquer, découvrir, évaluer. Les réalisations comptent plus que les principes. En ce sens, la maïeutique de Socrate (dite « méthode interrogative »), la pédagogie de projet (project-based learning), la pédagogie de contrat, la pédagogie différenciée, la méthode pédagogique active (Montessori, Freinet…), l’enseignement programmé (Skinner, 1958), la pédagogie par objectifs, la pédagogie par situation-problème (problem-based learning), l’enseignement assisté par ordinateur sont des méthodes pédagogiques.   

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Selon Gaston MIALARET, une méthode pédagogique est « un ensemble plus ou moins bien structuré, plus ou moins cohérent d’intentions et de réalisations éducatives orientées vers un but explicitement énoncé ou implicitement admis ».

Classification des méthodes pédagogiques

La classification des méthodes pédagogiques est difficile et complexe en raison des similitudes dans leurs fondements. Alors qu’une classification s’appuie sur les finalités, une autre s’appuie sur l’aspect psychologique dans le processus cognitif ; une autre encore sur l’activité de l’élève9 contrairement à celle qui se fonde sur le rôle de l’enseignant…

On retrouve souvent une classification en 5 mais aussi en trois ou deux seulement. 

  • Pour la classification en 5 méthodes, on a :
    • Première méthode: la méthode expositive (transmissive, passive, magistrale) 
    • Deuxième méthode: la méthode démonstrative 
    • Troisième méthode: la méthode interrogative (maïeutique)
    •  Quatrième méthode: la méthode de découverte (active) 
    • cinquième méthode: la méthode expérientielle. 
  • Pour la classification en 3, on a :
    • Première méthode : la méthode traditionnelle
    • Deuxième méthode: la méthode attrayante
    • Troisième méthode: la méthode active

Chaque méthode privilégie un aspect et néglige ou accorde peu d’importance à d’autres aspects ;   ce qui conséquemment influence considérablement le processus d’apprentissage.

Les différentes méthodes pédagogiques

Les méthodes traditionnelles

Ces méthodes mettent l’accent sur le savoir (l’aspect instructif de l’action éducative) que l’enseignant, seul détenteur de la connaissance, doit transmettre à ceux qui lui sont confiés. 

Le maître exige l’assimilation (par mémorisation) et la restitution (par récitation) systématiques des connaissances. Il transmet au risque des punitions, des châtiments corporels. C’est dire que le « par cœur » est obligatoire pourvu que la restitution soit exacte. 

L’usage des livres de façon immodérée (parce que tout ce qui est à enseigner y est !), l’endoctrinement (parce qu’il faut forger sur le plan moral et religieux un type de personne bien déterminé) et le verbalisme excessif sont des caractéristiques de cette méthode qui seront remises en cause plus tard. 

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Ces méthodes qui excluent la participation volontaire de l’élève à l’acquisition de son savoir, vont être ennuyantes pour les enfants. Ils vont donc se mettre à rêver ! Il faut aussi noter que les connaissances acquises sous contrainte sont des connaissances qui se volatilisent !

Les méthodes attrayantes et du souci de l’intérêt

Ces méthodes s’appuient sur un certain nombre de principes psychopédagogiques. Parmi lesquels l’intérêt que porte l’apprenant sur un domaine du savoir, ses goûts.

Les méthodes attrayantes

Nées pour palier aux insuffisances des méthodes traditionnelles, les méthodes dites attrayantes se sont appuyées énormément sur les avancées de la psychologie pour montrer que la contrainte et la peur chez l’enfant ne favorisaient pas un bon apprentissage.

Ces méthodes s’appuient sur les goûts et l’intérêt de l’enfant pour lui faire acquérir un savoir. Tout Ce qui attire l’attention, la curiosité de l’enfant et ses besoins naturels (les jeux de cartes, les livres illustrés comme les BD) est un moyen pour faire passer le message éducatif.

Ces méthodes sont exigeantes vis-à-vis du maître. Il doit pouvoir trouver le moyen de retenir l’attention et la curiosité de ses élèves. Il doit aussi savoir ce qui intéresse réellement les enfants. Mais on reproche à ces méthodes d’être sans sérieux. Tout simplement, parce que l’apprentissage en soi exige un minimum de sérieux et de concentration. 

En plus, elles privilégient le plaisir de jouer au détriment de la nécessité ou l’obligation d’apprendre.

Les méthodes d’intérêt

Ces méthodes sont nées à la suite des nouvelles connaissances de la psychologie génétique et de la psychologie différentielle surtout pour ce qui concerne l’enfant ou mieux ce qui intéresse l’enfant. Parmi les pédagogues tenant de cette méthode, on a Herbart et Kerschensteiner, Dewey….  

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Ces méthodes permettent à l’apprenant de comprendre et de retenir ce qu’il fait en lui évitant l’usage mécanique de la mémoire parce que partant du simple fait banal à un autre beaucoup plus complexe par l’idée d’associationnisme.   Il faut pour l’enseignant, dans ce cas, arriver à distinguer ce qui relève de l’intérêt superficiel de ce qui relève de l’intérêt profond de l’apprenant. 

Cette distinction est importante dans la mesure où elle est déterminante dans l’acquisition du savoir. Une connaissance mieux assimilée que si elle relève de l’intérêt profond de l’apprenant ; au quel cas, il n’en retiendra pas grand-chose.

Les méthodes interrogatives

Ces méthodes trouvent leur origine dans l’application de la maïeutique de Socrate : l’art d’accoucher les esprits.   Ces méthodes, encore appelées méthodes des questions, partent du principe que l’homme a tout ce qu’il faut en lui pour connaître, pour parvenir à la connaissance (l’intelligence et la raison notamment). 

Il ne suffit plus donc que l’aide de quelqu’un d’autre pour faire « accoucher » cette connaissance par l’esprit. Cette personne l’éclaire et la guide par une série de questions (d’interrogations). 

Par conséquent, ces méthodes réduisent l’enseignant à un simple guide ou collaborateur qui doit néanmoins être très pertinent et logique dans ces questions. 

Ces questions permettent de savoir le niveau des apprenants, leurs difficultés et parfois même leurs attentes. Soulignons que ces méthodes dans la réalité seront très difficiles à appliquer avec les enfants au risque de virer à une forme de bavardage inutile.

La méthode pédagogique active

Le caractère actif de ces méthodes ne résident pas dans le physique mais plutôt dans le psychologique. En s’appuyant sur les connaissances récentes en psychologie, ces méthodes ont été élaborées pour favoriser le développement des facultés aussi bien intellectuelles que physiques chez l’enfant. Le centre de gravité ou le point focal dans l’action éducative va alors se déplacer de l’enseignant pour se retrouver chez l’enfant, l’apprenant.  

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Contrairement aux méthodes dites traditionnelles, ces méthodes mettent en jeu l’initiative créatrice et de découverte propres (dans le sens d’appartenance) à l’enfant : dans la construction de ses connaissances il travaille plus ; il en est le premier acteur. 

L’enseignant n’intervient que quand celui-ci lui demande de l’aide ou que quand il trouve son assistance indispensable. Autrement dit, il accompagne l’enfant dans l’action éducative sans y être très impliqué. Son travail ne se limitant qu’à la facilitation de l’apprentissage ou à un secours ! ROUSSEAU J. — J.  dans son ouvrage célèbre L’Emile écrit pour ce qui concerne le maître qui s’empresserait de corriger les erreurs de son élève : « S’il se trompe laissez-le faire, ne corrigez point ses erreurs, attendez en silence qu’il soit en état de les voir et de les corriger lui-même ».

Bien que la pédagogie active repose sur des démarches et une approche relationnelle de la transmission de connaissances, elle est de plus en plus liée aux évolutions techniques. Les écoles et les centres de formation sont de mieux en mieux équipés en moyens informatiques qui interfèrent dans la pédagogie, donnent à l’enseignant à la fois plus de liberté dans l’acte de transmission et génèrent enfin des contraintes inhérentes à toute technique. 

Les programmes pédagogiques développés à partir de ce qu’on appelle l’EAO (l’enseignement assisté par ordinateur) offrent de jour en jour de nouvelles possibilités reposant sur    l’évolution    des    langages    utilisés    pour    programmer    les    applications pédagogiques et la mise au point de métalangages plus faciles à utiliser. 

Cette évolution signifie qu’à terme (et c’est déjà le cas pour les cours d’enseignement programmé) l’acquisition de savoirs pourra se faire aussi bien dans un centre, une école, qu’à distance à travers des réseaux spécialisés ou internet ou à travers des systèmes de communication de CAR (communication assistée en réseaux) avec un environnement pédagogique intégré comprenant des outils comme le webcam, les    vidéoprojecteurs    pour    des    conférences    données    à    distance    (la vidéoconférence ou visioconférence)… C’est dire combien les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) ont donné une autre orientation à la façon d’enseigner.

Quelle méthode pédagogique choisir ?

Dans tous les domaines de l’organisation du travail, une méthode s’impose pour une réalisation efficiente des tâches. Plus encore, la transmission ou l’acquisition d’un savoir ne peut se faire sans méthode. Elle serait perçue comme une absurdité ou une anarchie totale. Un enseignant ne peut pas se présenter à ses élèves et sans procédure, sans méthode pouvoir leur transmettre ce qu’il connaît.

L’application de n’importe quelle méthode pédagogique sans prendre en compte d’autres éléments serait une autre absurdité. En règle général un établissement ou un enseignant valorise plus à un moment donné une méthode qu’une autre ; bien sûr la méthode unique imposée ou obligatoire serait une erreur. Elle appartient au libre choix de l’enseignant ou de l’étudiant et est souvent affaire de circonstances. 

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Il y a eu, de par le passé, des effets de mode ou la croyance à certains moments en une méthode-miracle qui permettrait l’apprentissage de tous. Tout en permettant la facilitation de l’apprentissage et la médiation du savoir. Il est important de ne pas céder aux illusions pédagogiques. Et donc continuellement de faire le point sur la méthode pédagogique qu’un acteur ou une institution tend à valoriser à un moment précis. 

La méthode a sa raison d’être et doit répondre à des qualités. La méthode pédagogique tire sa raison d’être dans le fait qu’elle assure la cohérence entre les finalités et l’action éducative. Les qualités dont elle sera pourvues sont la cohérence avec les finalités, l’accord avec l’état mental et psychologique de l’éduqué, l’applicabilité (en fonction d’une situation donnée), l’harmonie avec les méthodes et l’efficacité.

L’adoption de telle méthode plutôt que telle autre dans une action éducative exige la prise en compte de plusieurs facteurs si l’on veut vraiment atteindre ses objectifs. Le choix d’une méthode pédagogique se fait surtout en fonction du profil de l’élève, de la complexité des savoirs à transmettre, des contraintes et des moyens (techniques, financiers, organisationnels, pédagogiques)

Conclusion

En somme, il existe plusieurs méthodes pédagogiques qui s’emploient dans l’action éducation. Mais dans toute situation d’apprentissage, le plus important ce ne sont pas les méthodes. C’est l’habileté de l’enseignant (le pédagogue). Pourquoi ? Parce qu’un bon pédagogue obtiendra de bons résultats quelle que soit la méthode qu’il utilise ; par contre un mauvais pédagogue obtiendra de mauvais résultats malgré les bonnes méthodes qu’il pourra employer ou qu’il aura étudié. A priori, aucune méthode n’est meilleure. 

Dans les faits, la qualité du pédagogue aussi bien que le choix de la méthode ont une importance capitale. Le but est d’obtenir de bons résultats. Ce qui suppose que la méthode retenue et employée par un enseignant est celle qui lui convient le mieux. Ces méthodes pédagogogiques s’adaptent aux apprenants et enfin qui lui permet de remplir pleinement sa vocation pédagogique. Il faut entendre par convenir, une méthode qui sied avec son tempérament et sa personnalité ; adapter aux apprenants, c’est-à-dire éveille chez eux le savoir ou la volonté de connaître.

Aussi qu’on ne peut pas trouver dans une situation d’apprentissage une méthode à son état pur. C’est à dire en même temps que chaque pédagogue doit pouvoir, d’une situation à une autre, trouver non seulement la méthode originale et propre à chacune mais aussi à lui. La meilleure méthode, on se la construit. Donc, et pour ce faire, il n’est point besoin de chercher très loin parce que les situations savent bien les imposer au bon pédagogue pourvu qu’il fasse appel à son attention, son intuition et à sa créativité.

La diversité des méthodes d’enseignement qui existent nous fait dire que nous aurons par moment à inventer sciemment ou non notre propre méthode en mobilisant tous nos atouts humains, religieux et professionnels comme l’a su bien faire l’enseignant de Littérature de Daniel Pennacchioni afin de le sortir du bourbier des « élèves cancres » sans avenir. Cela l’a conduit à mettre sur pied, à son tour, ses propres méthodes pour aider ses élèves à partir des textes appris par cœur et récité ou déclamé dans la rue même après des décennies.

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Sources :

  • MIALARETGaston, Pédagogie générale, Paris, PUF, 1991, 598 pages.
  • MORANDI Franc, Modèles et méthodes en pédagogie, Paris, Nathan, Coll.  128, 1997, 167 pages.
  • PALMADE Guy, Les méthodes en pédagogie, Collection « Que sais-je ? », n° 236, Paris, PUF, 128 pages.
  • JALOMBI Daodjoah (Frère Léger), Les méthodes pédagogiques dans l’enseignement.

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